Notre posture change notre état d’esprit
Morgan Freeman, acteur : « Ta meilleure posture est ta prochaine posture. »
Il est 8h30, un matin au domaine de Bonmont. Huit séminaristes sont assis en cercle dans une salle de séminaire pour un cours de prise de parole en public et de storytelling que j’anime. Nous y resterons ensemble jusqu’à 18 heures. Il n’y a pas de table, seulement des chaises disposées en cercle. Lors du premier tour de table (ou plutôt « de cercle »), je demande à chacun de se présenter en 30 secondes. Le constat est clair : cet exercice, que nous faisons régulièrement tant au travail qu’à la maison, est souvent peu réussi. Les présentations sont banales, nonchalantes, voire ennuyeuses, même pour les orateurs eux-mêmes ! De plus, la majorité sont affalés dans leurs chaises, sans le soutien d’une table.
Ma méthodologie, éprouvée depuis plus d’une décennie, reste la même : tester, écouter, fournir du feedback constructif et bienveillant, puis retester pour retester de nouvelles choses pour « pimper » les prochaines interventions. J’indique aux participants que leur posture ne soutient pas leurs propos et leur demande de se redresser. Certains éprouvent des difficultés à maintenir leur dos bien droit, trouvant cette posture presque « trop », non naturelle et hors de leur zone de confort. Je leur suggère alors de reculer leurs chaises et de s’asseoir sur l’avant, ce qui les oblige à transférer leur poids sur leurs genoux et leurs pieds. Naturellement, plusieurs se redressent, tandis que d’autres peinent encore, gagnant un centimètre supplémentaire avec effort, tout en justifiant que ce n’est pas naturel pour eux.
Nous nous levons ensuite pour refaire l’exercice debout. Certaines personnes ont toujours du mal à se tenir droites. Pour les jeunes filles, cela peut être dû à la gêne ; pour les plus anciens, à l’habitude. Nous passons beaucoup de temps devant des ordinateurs ou, pire, nos smartphones, la nuque penchée vers le bas. Comment nous sentons-nous dans cette posture voûtée ?
En repensant à un souvenir heureux, nous pouvons « télécharger » ce souvenir, mais il est difficile de se laisser envahir par le bonheur si nous sommes voûtés. En revanche, en redressant notre corps et notre tête, nous permettons au bonheur de nous envahir, avec même les bras qui peuvent s’écarter en posture de vainqueur. Dans cette posture, même en pensant à quelque chose de triste, la tristesse ne peut pas nous envahir autant que si nous relâchons nos bras et penchons la tête en avant. Cette posture de désespoir est aussi celle que nous adoptons souvent en lisant des nouvelles sur nos smartphones. Imaginez l’impact sur notre état d’esprit et sur la qualité de notre journée !
Il est très interpellant de constater que nombre de personnes dans la rue ou dans les entreprises, en réunion ou ailleurs se tiennent de manière courbée, tellement désengagées. Dès que les personnes interviennent devant un auditoire, peut-être par humilité mal placée, se tiennent courbées, en retrait et font un pas en arrière au moment de commencer presque comme pour s’excuser …
Que nous nous adressions à une ou plusieurs personnes, notre posture influence inconsciemment nos interlocuteurs et renforce notre conviction. Imaginez un serveur portant un plateau avec une bouteille ouverte. S’il n’est pas droit et bien ancré, nous craignons que la bouteille ne tombe et ne tache nos vêtements. Il en va de même lorsque nous parlons. Nous devons nous tenir droits, car nous sommes des porteurs de messages et des représentants de nos institutions. Le TED Talk d’Amy Cuddy est d’ailleurs très inspirant sur ce sujet : « Le corps impacte notre esprit, qui à son tour impacte notre comportement, influençant ainsi nos résultats … ! »
Adoptons cette qualité de posture dans notre vie.