Ce n’est pas parce que vous parlez qu’on vous entend !
Il est 20 heures, un lundi soir. Je regarde en direct la séance de notre conseil communal à la télévision. Un des conseillers m’a sollicitée pour l’accompagner et l’aider à mieux se faire entendre. Ce soir-là, il doit présenter un rapport de sous-commission, et je veux voir comment il s’en sort. Il monte à la tribune, derrière le pupitre avec le micro, et lit son rapport en commençant par les sempiternelles salutations. Sur les près de 60 conseillers présents, certains le regardent, mais beaucoup sont absorbés par d’autres activités, souvent affalés dans leurs sièges, les bras croisés. Leur posture et leur langage corporel montrent déjà une opposition au projet présenté. Parmi ceux qui le regardent, certains sourient distraitement, mais leur esprit est ailleurs … Peut-être aux prochaines vacances, à leur maîtresse ou amant, ou au verre de l’amitié qui suivra la séance.
Dans cette configuration, tout semble conçu pour décourager l’écoute et la concentration. Je me suis souvent demandé comment nos conseillers communaux, et par extension nos députés et conseillers nationaux – sessions auxquelles j’ai pu assister en tant qu’invitée – supportent ces longues séances avec des discours interminables qu’ils n’écoutent pas vraiment ! Comment rendre ces moments plus vivants, malgré un ordre du jour statutaire et protocolaire ? Et dans le cas présent, comment aider ce conseiller communal, qui montre beaucoup de timidité, dans ses interventions à les « pimper » sans excès ?
La difficulté réside à plusieurs niveaux. Le fait d’être « caché » derrière un pupitre réduit presque à néant la possibilité de créer du lien. Un jour, j’ai vu une représentante de nos institutions académiques se placer à côté du pupitre, légèrement en avant, en recourbant le micro vers elle. Ainsi, elle était bien sonorisée et libre de nous parler en nous regardant, engagée vers son public, ce qui a créé un lien plus fort.
De plus, lire un texte d’une traite empêche le public de suivre. Idéalement, nous devons lire une phrase dans notre tête, puis relever la tête et regarder le public droit dans les yeux en parlant. Cela crée des silences précieux entre chaque phrase – pendant que nous lisons dans notre tête – permettant une meilleure compréhension et intégration du message.
Souvent, les discussions ont lieu avant la séance, surtout si celle-ci est retransmise à la télévision. Il serait opportun de commencer par une introduction choc : drôle, captivante, surprenante ou informative. Cela capte immédiatement l’attention du public. Bien que les salutations protocolaires soient obligatoires, rien n’empêche de commencer par cette introduction pour ensuite aborder les salutations de manière plus authentique et intégrée. Concernant sa timidité, nous allons pratiquer ma méthode éprouvée pour rendre ces séances pour lui et pour tous les conseillers communaux plus sympathiques, vivantes et participatives. Même si ce rapport ne peut pas être modifié en raison de la loi, la présentation de celui-ci peut se faire de manière plus adaptée et engagée avec une intro choc !
« La parole ne représente parfois qu’une manière plus adroite que le silence, de se taire. »
Simone de Beauvoir, auteure et philosophe