Il y a quelques jours, un automobiliste m’a coupé la route. J’aurais pu râler pendant cinq minutes … Au lieu de cela, j’ai regardé attentivement et j’ai vu au volant une femme d’un certain âge, le regard un peu hagard. Elle est chanceuse de pouvoir encore utiliser son véhicule à son âge. Je me suis dit : « indulgence » !
Vous avez peut-être vous aussi dressé une liste de bonnes résolutions et de desideratas pour la nouvelle année. Pour moi cela tient en un seul mot : indulgence. Ceci dans le but de diminuer les tracas de notre quotidien, alors que les enjeux pour certains de nos proches sont si énormes comme la santé, la guerre ou les catastrophes naturelles …
Un peu plus tard lors d’une séance professionnelle, j’entends le directeur d’une entreprise faire une remarque sexiste au sujet de certaines de ses employées. Cela m’affecte personnellement car je suis aussi une femme et je prends cette remarque personnellement et pour toutes les merveilleuses femmes. Il suffit de remplacer le mot « femme » par « noir » pour comprendre à quel point cela est faux ! Je réagis et souligne que ses paroles sont déplacées. Il l’entend, s’entête et s’enfonce parce que moi aussi à ses yeux je ne suis « qu’une femme ». Tout son langage corporel démontre ses pensées. J’ai envie de hurler et de sortir en claquant la porte. Je respire profondément. Alors je le regarde lui, droit dans les yeux, au fond de son âme. Même s’il a déjà un certain âge, je vois un tout jeune enfant, dont la mère si gentille est partie bien trop tôt en raison de la maladie. Son père est parti récemment avec cette même posture rigide. Cet homme en face de moi n’aura pas pu apprendre ces choses essentielles de ses parents.
Je continue à respirer et à me calmer et je me remémore mon mot clé pour cette année : indulgence … de ma part envers les autres, envers moi et de la part des autres. D’ailleurs ce mot est très proche de l’empathie qu’il précède. Dans un monde où tout va très vite, où les gens donnent leur avis sur les réseaux sociaux sur tout et tout le temps, ce mot « indulgence » se veut comme un stop, une respiration et ensuite on réfléchit et peut-être on agit. Puis cela donne du sens. C’est vrai ce que beaucoup de maîtres à penser disent : ce monde a besoin d’empathie …