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Oser un leadership bienveillant

En 1999, je travaillais pour une magnifique manufacture de montres à la Vallée de Joux. Pendant quelques années, j’ai eu la chance de porter plusieurs projets magnifiques riches d’expériences fabuleuses et très diversifiées comme la formation des détaillants et des journalistes, l’organisation d’événements au niveau mondial, la création de nouveaux concepts d’exposition, la création de films et l’accueil des visiteurs dans nos ateliers. J’ai alors appris énormément de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui m’accueillaient quotidiennement dans leurs ateliers pour partager leur passion. Le directeur général était un homme très généreux, très intelligent, très humaniste et visionnaire. Mais après beaucoup de tensions au sein de l’équipe, de tiraillements, de manque de bienveillance et d’un certain manque d’intelligence, j’ai décidé de quitter mon emploi.

Alors que je me trouve devant le directeur général dans son bureau pour lui remettre ma lettre de démission, il me dit : « Dommage que vous ne soyez pas venue me trouver plutôt. Si vous avez votre lettre ici, c’est que votre décision est déjà prise. » Et je suis partie.

En repensant à ce moment, j’aurais tant voulu avoir les capacités de lui dire du haut de mes 24 ans que je trouvais inadmissible de gagner mille francs de moins par mois qu’un collègue masculin qui avait moins d’études et moins d’expérience. Que je trouvais inadmissible que les gens favorisent et nourrissent la malveillance et le manque d’intelligence. Que je trouvais inadmissible de subir des propos dénigrants de la part de ressortissants d’autres pays alors qu’en tant que suissesse, je vivais et travaillais dans mon propre pays. Et qu’à l’aube du second millénaire son bureau du personnel était composé d’un responsable et de deux assistantes et se prénommait le « bureau de paie » ! Cela me renvoyait au début du siècle passé au début de l’ère industrielle avec effectivement la distribution des paies dans des enveloppes …

J’aurais voulu lui dire aussi qu’il fallait un responsable du bonheur pour ses équipes ; que ses produits extraordinaires génèrent énormément de passion auprès de ses clients, partenaires et aussi des employés. Que j’ai vu ces hommes et ces femmes venir quotidiennement après deux voire quatre heures de trajet quotidiennement toujours extrêmement tôt pour être fidèles à leurs postes. J’ai vu leurs yeux briller quand ils mettaient en place les pièces ou qu’ils les rendaient belles. J’ai vu toutes ces paires de mains si habiles pour travailler toute une vie sous un microscope. J’ai vu toutes ces âmes et ces cœurs qui vibrent pour cette magnifique marque.

Aujourd’hui, mes suggestions seraient : travailler votre culture d’entreprise. Travailler votre leadership, transformer tous vos cadres en de véritables entrepreneurs visionnaires innovatifs que les équipes ont envie de suivre. Mettez la bienveillance au cœur de la mission de votre entreprise. Souligner les énormes exploits que vous réalisez et que vos équipent réalisent. Impliquer-les, rendez les humains et vivants et ne les utilisez pas uniquement comme machine-outil un peu plus intelligente. Impliquer-les professionnellement et émotionnellement. C’est cet aspect émotionnel qui est le plus important, celui qui arrive à déplacer des montagnes et c’est cet aspect également qui est extrêmement sollicité en ce moment et que nous devons nourrir très bien …

Osez écouter vos équipes pour comprendre le fonctionnement ou les dysfonctionnements et trouver des solutions de parades pour améliorer la qualité de vie dans vos entreprises car c’est d’elle que dépend votre productivité principalement. Nous savons tous que nous pouvons tous faire un peu plus en un peu moins de temps et peut-être même avec un peu moins d’effort si nous sommes motivés, passionnés et que nous avons une vision claire et un but défini, exprimé et atteignable.

Et c’est bien de ce leadership bienveillant et rassembleur que nous aurons tous besoin pour faire redémarrer les entreprises avec des équipes qui seront appelées à fournir encore plus pour passer ce cap de la reprise.