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Il est essentiel de planifier des plages de « rienir »

Savez-vous ce que veut dire le mot « rienir » ? C’est l’action de ne rien faire que j’ai choisi de nommer ainsi pour me donner bonne conscience … En tant qu’entrepreneure, chaque moment de ma journée doit être planifié. Je dois vendre avant tout. Alors si le vendredi soir, je regarde mon planning de la semaine suivante et que j’y décèle une plage vide, cela ne me convient pas car cela me stresse ! À la tête d’une PME, je suis également responsable des ventes et chaque action est orientée vers le résultat. J’enchaîne les rendez-vous clients et surtout les conférences que nous avons mises sur pied pour faire découvrir, écouter et « déguster » nos haut-parleurs en bois de résonance. Je travaille parfois jour et nuit … même souvent, et ceci sept jours par semaine. Et oui, je culpabilise si je vois que le jeudi matin suivant, il y n’y a rien dans mon agenda … même si cela est dû à une annulation de dernière minute d’un client. Alors, c’est pourquoi il est judicieux de nommer cette activité, par exemple « profitez », « savourer », « se ressourcer », « en conférence » ou pourquoi pas inventer un mot comme « rienir ».

En tant qu’entrepreneurs, nous avons l’impression que si nous ne sommes pas toujours en rendez-vous clientèle, cela n’est pas productif. C’est comme la maladie de la réunionnite dans les grandes entreprises. Ou encore le financier, s’il n’est pas devant son tableau Excel, cela ne va pas ! Bref, si nous ne sommes pas devant un écran ou en train de parler avec des gens pour une bonne raison, nous pensons que nous ne faisons rien. Nous imaginons la productivité en relation avec une action, du stress ainsi que la souris ou le téléphone portable à la main !

Alors il est vital de se planifier des plages pour ne rien faire pour se déculpabiliser et parce que cela nous aide à être plus productifs. Mais cela ne se fait pas et ne sonne pas bien … Les Danois appellent cela « hygge » et les Suédois « lagom ». Aux Pays-Bas, cela se nomme « niksen » qui vient du mot « niks » qui signifie « rien », donc littéralement « ne rien faire ». C’est l’art de ne rien faire et de positiver. C’est aussi le fait de célébrer les choses simples de la vie, surtout pendant les longs mois d’hiver. Et il y a tout un art et un cérémonial autour de cette action. Et même s’il n’y a pas un seul mot qui peut traduire cela, c’est lié à un sentiment de bien-être, de douillet et de bonheur. Et il a été prouvé que de se prendre le temps de « rienir », cela rend les gens plus heureux et … plus performants !

Justement cette course à la performance et se sentir invincible, c’est bien cela qui mène aujourd’hui tant de gens à l’épuisement, voire au burnout. À tel point que cela est devenu une banalité. Nous entendons souvent : « Alors, tu l’as déjà fait ton burnout ? ». Et le temps pour se remettre est très long et très coûteux. Il serait donc plus judicieux de se ressourcer régulièrement et de planifier ces plages de « rienir ». J’ai moi-même intégré cela à mes objectifs et je bloque des plages pour ne « rienir ». Notre responsable administration respecte cela et me sermonne si je ne le fais pas ou que j’ai tendance à faire sauter ces plages pour les remplacer par trop de rendez-vous. Je lui en suis très reconnaissante car la mauvaise consciente me guette toujours.

Il est donc vital de planifier cette activité « rienir » régulièrement et de s’y tenir … sans chercher à y mettre un objectif. Juste être là, savourer les choses simples. Il est dit que quand nous arrêtons de chercher, c’est là que nous trouvons !