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Comment gérer sa culpabilité ?

Il est mercredi après-midi 15 heures, dans la Forêt du Risoud. J’accompagne un groupe de visiteurs qui participent aujourd’hui à une « Journée découverte » de la lutherie du 21ème siècle à la Vallée de Joux. Ils sont venus de toute la Suisse allemande pour y assister. Après le repas, nous sommes en route à pied dans la forêt à la recherche de l’or vert des luthiers : l’épicéa de résonance. J’adore ce que je fais, j’ai un plaisir fou à échanger avec tous ces gens si heureux et si passionnés. Il s’est créé aujourd’hui une osmose particulière alors que ce matin en arrivant, les personnes ne se connaissaient pas entre elles. Et pourtant, nous voilà ici, une quinzaine de personnes ayant l’impression d’avoir vécu ensemble.

Nous avons eu des discussions très intenses et il est l’heure de se remettre bientôt en route. Je suis très heureuse, et pourtant je pense à ma fille qui a six ans et que j’ai donné à garder chez une amie. Forcément, au fond de moi, il y a un côté qui ressent un peu de culpabilité. Je donne tellement pour notre belle entreprise et cela veut dire que je dois renoncer à du temps que j’aurais passé avec ma fille au profit de ces belles expériences professionnelles. Cette culpabilité a toujours été un peu présente, même si j’ai essayé de la repousser. Car c’est vrai, notre fille n’avait que deux semaines, lorsque j’ai redonné ma première conférence. J’ai une chance inouïe d’être entourée par de la famille et des amis qui s’occupent tous joyeusement de notre fille. Elle adore aller chez tous ces gens et me réclame pour aller les visiter à tour de rôle. Mais forcément, quand on a plusieurs passions, il est difficile de les combiner, c’est un équilibre difficile à trouver. J’essaye de l’intégrer un maximum à nos activités professionnelles car elle aime préparer les apéritifs ou s’occuper des petits enfants à garder pendant que les parents assistent aux conférences ou encore voyager et voir de nouveaux horizons.

Enfin pour l’instant, c’est un équilibre qui nous convient même s’il n’est pas facile à trouver. D’autant plus qu’avec les enfants qui grandissent, cet équilibre est sans cesse changeant. Ne pas culpabiliser est encore plus difficile. Faire de son mieux, partager des moments de qualité, avec tout son cœur, avec honnêteté, être dans le moment présent, à 100 %. C’est pour moi une recette qui marche très bien même si parfois ce sentiment de culpabilité ressurgit un peu au fond de moi. Je sais qu’elle est très heureuse et j’ai la confiance que je saurai m’adapter aux prochaines nouvelles situations.

Les questions de la rigidité des horaires scolaires et de l’apprentissage sont au cœur de mes préoccupations. Beaucoup de parents et de nombreux enseignants partagent ce point de vue. Comment pourrions-nous soutenir cette école pour la faire évoluer vers un enseignement plus naturel ? Comment pourrions-nous nous organiser en société pour soutenir les parents qui travaillent intensément et qui aiment leurs enfants passionnément pour combiner ces deux pans de la vie sociétale de manière plus harmonieuse ? Là également beaucoup de solutions sont à apporter, à créer … pour trouver une voie plus harmonieuse et pouvoir faire taire ce sentiment de culpabilité qui ressurgit honnêtement de temps à autre.