Catégories
AGEFI

Les météorologues et le mauvais temps

Après une conférence « Dégustation de son » à Rolle, mon matériel est chargé dans la voiture et je suis prête à prendre la route. Il a neigé jusqu’ici et les participants rouspètent et ne comprennent pas mon bonheur alors que je me réjouis de faire le col de Marchairuz et de m’amuser sur la route enneigée. J’allume le moteur et le météorologue à la radio annonce encore du « mauvais temps » pour demain ! Mais non, tous les temps sont beaux ! D’ailleurs, pour ironiser cela, nous utilisons à la Vallée de Joux une célèbre contrepèterie « Le beau temps menace » !

Et oui, tous les temps sont beaux. Surtout la neige, c’est tellement joyeux de voir tourbillonner ces flocons de neige, c’est comme une danse. Et après la pluie, la nature sent tellement bon. Même la route après la pluie en été sent bon le goudron. Alors pourquoi est-ce que nos célèbres météorologues s’évertuent-ils à parler toujours de « mauvais temps » ?!

Dans un pays qui cherche à se protéger contre tout avec une tendance à la sur-assurance, je peux imaginer qu’une des raisons pourquoi ils annoncent toujours le « mauvais temps », c’est pour des questions de responsabilités et d’assurances. Les météorologues sont poussés par la peur de se faire attaquer s’il y a plus de dégâts que prévu … Cette surprotection a aussi des conséquences néfastes sur les entreprises.

Une annonce de « mauvais temps » est mauvaise pour les affaires. Il est reconnu que les ventes diminuent en fonction du temps. Les gens ne s’aventurent pas dehors en cas de pluie. Les employés aussi voient leur taux d’efficacité fondre avec la pluie. Tout le monde peste sur le temps et se laisse influencer négativement alors que nous n’avons aucune influence sur la météo mais notre attitude face à elle, oui.

De même, lorsqu’une entreprise entre dans une période « hivernale », il faut couper dans les effectifs ou les ressources. C’est difficile et douloureux. Et pourtant, après, c’est très souvent suivi d’un sentiment de légèreté et de renouveau … Les équipes restantes sont plus performantes, plus heureuses. C’est comme si « la pluie avait lavé l’air ». Il m’est arrivé souvent de devoir me séparer de collègues, voire d’amis et à chaque fois, j’ai découvert un trésor caché après, des forces nouvelles, de belles inspirations suivies de réalisations prodigieuses. Peut-être est-ce le trésor qui soi-disant se trouve au pied de l’arc-en-ciel qui vient juste avec les dernières gouttes de pluie et les premiers rayons de soleil ?

D’ailleurs, dans la culture chinoise, on décrit plutôt un état en mouvance qu’un état figé, c’est-à-dire par exemple quand la pluie arrive ou va bientôt s’arrêter plutôt que « il pleut » ou encore « il fait beau ». Ces nuances subtiles se sentent et se ressentent dans l’air et c’est typique de la mouvance en entreprise.

Dans tous les cas, avec une accélération de la vitesse des crises et des événements marquants, il est impératif de pouvoir célébrer les erreurs, les défaites, d’avoir le courage de changer rapidement de cap, de s’alléger pour survivre … et comme on le sait très bien, après la pluie, le beau temps revient toujours. Ou comme on dit chez nous « il fait toujours beau à la Vallée de Joux » !