Sur l’autoroute, impatiente, il y a trois voies : « Mais pourquoi ils roulent tous au milieu ? » En Allemagne, tout est réglé : à droite, on roule à 120 km/h, au milieu à 160 km/h et à gauche à 200 km/h et plus. S’il faut effectuer un dépassement, les automobilistes se rabattent tout de suite. Même en France et en Italie, les automobilistes, bien que très artistiques sur d’autres règles, se rabattent très respectueusement et vite. Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi en Suisse, sur les autoroutes à trois voies, tout le monde roule au milieu ? Toujours ?! Suis-je la seule que cela insupporte au plus haut point, surtout avec mes près de 4’000 km de voiture par mois ? Qui peut m’aider à « éduquer » tous ces automobilistes suisses ? Est-ce dans notre nature, dans nos gènes ? Les Suisses cherchent-ils toujours la voie du milieu, les compromis ? Ce compromis qui nous est si cher pour faire si bien fonctionner notre fédération de « cantons-états ».
C’est amusant, justement, je viens de passer le « Röstigraben » en voiture. Comment cette Suisse fonctionne-t-elle avec une langue nationale parlée à près de 70 % et qui ne s’écrit même pas ? Je veux parler du suisse allemand. J’interviens justement ce soir à Sursee, dans le Canton de Lucerne. Ma voiture est remplie jusqu’au plafond de colis et de valises,
De nouveau, me voilà dans les bouchons autour de Berne. C’est drôle comme la mentalité ici est différente. Je peux bien en parler car même si je suis née et que j’ai grandi en Suisse romande, ma première langue est le suisse allemand. Chez JMC Lutherie, nous avons dit en riant et c’est pour nous une réalité, que notre premier marché d’exportation est la Suisse alémanique. Pour rencontrer les revendeurs, l’idéal, c’est à l’ouverture de leurs magasins à 9 heures, ou mieux encore, avant à 8h30. Alors qu’en Suisse romande, on ne prend pas beaucoup de commandes ces heures-là ; il faut prévoir le rendez-vous à 11 heures avec apéro et préparer son foie ! C’est une réalité avec laquelle il faut composer.
En termes de choix musical, là aussi ma playlist diffère beaucoup en Suisse alémanique, où par exemple la musique classique se résume aux Quatre Saisons de Vivaldi ou le Rondo Veneziano alors qu’en Suisse romande, ce choix paraîtra trop banal. C‘est la même chose pour la musique pop/rock. Et ils n’ont jamais entendu parler de Brel, Brassens ou Lemay. D’ailleurs, nous en Suisse romande, connaissons-nous Grönemeyer, Jordi ou Oesch ?
Ce que je trouve également étonnant, c’est leur choix de nourriture : aux foires professionnelles, c’est saucisse-frites et sans alcool. Si nous avons la chance d’organiser un apéritif, le vin, souvent méconnu, sera servi dans des verres en plastique ! Quel dommage !
Alors comment cela fonctionne, ce melting pot à la Suisse ? Entre mélanges de cultures et de langues ? Je ne sais pas et pourtant cela fonctionne. Au compromis peut-être ? Et en roulant sur la voie du milieu des autoroutes à trois voies ? Peut-être qu’au lieu de m’énerver de la chose et de vouloir faire changer tous les automobilistes suisses, il me faudrait simplement accepter cet état de fait ? Pourquoi pas … Alors méfiez-vous si vous me voyez dorénavant rouler au milieu, et avec joie !