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La qualité d’écoute des auditeurs a tellement chuté !

L’autre jour, je regardais un film d’archives où l’on voyait une fête de village, avec le public bien habillé assis sous une tente blanche à écouter le discours d’un politicien local. Ce qui m’a frappé, c’est la qualité d’écoute des participants. Tous assis, immobiles et silencieux, leurs regards rivés sur l’orateur et très élégants. Clairement, nous pouvions constater qu’il s’agissait d’une occasion très spéciale pour le public de se mettre ainsi élégamment vêtus pour une population rurale mais aussi avec cette qualité d’attention. Mais que s’est-il passé en 50 ans ?

D’une part, il y a la quantité d’informations qui a énormément augmenté et nous vivons dans une société d’info-obésité. Il semblerait que nous sommes soumis tous les jours à plus de 4’500 fois à des publicités ! Autant de fois que notre cerveau se referme ou évite l’information pour nous protéger. Nous avons donc développé un bouclier contre « les messages entrants ».

Il y a un nombre phénoménal d’événements et de conférences qui ont lieu chaque semaine auquel nous pourrions participer… Et nous nous en rendons encore plus compte avec le nombre d’annulations que nous recevons quotidiennement en ce moment avec la crise sanitaire depuis quelques mois.

Par exemple, avant le président d’un pays s’adressait deux fois par année à ses citoyens alors qu’il va le faire maintenant plus de deux par jour par toutes sortes de moyens !

Si l’on regarde une chaîne d’informations, en plus du présentateur et des images qui passent en arrière-fond, nous aurons un bandeau voire deux avec d’autres informations qui passent en continu en-dessous. Et peut-être que si cette chaîne est vue dans un restaurant, il y aura deux ou trois autres écrans avec d’autres chaînes d’informations ainsi que deux autres chaînes de radio, toutes allumées en même temps ! Il y a finalement tellement de bruit que nous sommes habitués à fermer nos oreilles à tout ce brouhaha !

Pour traiter tout cela, notre cerveau est devenu beaucoup plus rapide et multitâche. C’est d’ailleurs devenu pour moi douloureux d’être assise à une table et de devoir écouter une personne … sans pouvoir en même temps faire autre chose ! Peut-être que la qualité de ce qui est émis a aussi diminué ! L’émetteur est devenu plus brouillon. Pas sur le fond mais la manière. Comme tout va plus vite, nous prenons moins de temps à nous préparer.

Après une conférence de presse, les journalistes avaient jusqu’au soir pour remettre leur article. Aujourd’hui, cela se compte en minutes, voire en seconde et ce sera à celui qui publie en premier qui sera la gagnant. Donc pas de temps de préparation, tout doit aller vite !

Un exemple est la présentation avec un fichier PowerPoint. Avez-vous remarqué comme très souvent, les « slides » ou diapos (ce terme fait un peu ancestral !) sont plutôt les notes de l’orateur avec beaucoup de texte plutôt qu’un appui au discours à proprement parler ? Et en plus, l’orateur va se mettre en arrière de sa présentation au lieu de venir sur le devant et de nous regarder dans les yeux.

Si tout le monde arrivait à oser lâcher le PowerPoint, le temps gagné dans une présentation inutile et en temps de préparation serait énorme ! Alors osons laisser tomber les slides ! Faisons un discours court et précis ! Allons directement droit au but ! Utilisons les slides uniquement si nécessaires avec juste quelques images émotionnelles pour soutenir le tout. Mais cela demande forcément un peu de temps de préparation. Au moins les auditeurs en seraient que plus attentifs.

C’est donc notre attitude et notre regard qui feront la différence.